Histoire de Coudures
L'Aquitaine devient anglaise (1152-1483) par le mariage d’Aliénor. Les Landes deviennent également anglaises. Les Rois anglais fréquentent le Sud-ouest où il y a beaucoup de gibiers. Ils en gardent dit-on le goût excellent de nos vins, et des oeufs au jambon ! Nous, Landais, nous en garderons des bastides nées de la révolte Franco-anglaise !
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COUDURES du latin Cultura (Culture) est une de ces bastides. Elle fut fondée en 1305 par le Sire de Lescun sur les terres d’Edouard II sans son autorisation. Nous pensons qu’il faut confondre cette bastide avec le Bourg de Coudures lui-même dont le dessin régulier en arrête de poisson révèle l’existence d’un plan de construction préétabli.
Le Bourg est bâti à l’extrémité d’une colline au profil dissymétrique. Un exemple : à l’extrémité nord-ouest, la bastide était fermée par un mur en arc de cercle qui mesure 20 m de longueur, 6 à 8 de largeur et il est bordé par deux fossés (disparus). Où est ce plan ? Le terme « poisson » en ancien français désignait la palissade servant à clôturer un domaine (une bastide). Peut-être le « Chemin du Paou » ?
On peut présumer que Coudures devait être mieux cultivé que les paroisses voisines. Ainsi Coudures au milieu du XIVe siècle s’appelait « Ecclesia de Culturis ».
Entre le Gabas et le Bas s’étendait sur le plateau une lande qui appartenait au Seigneur qui ne donnait pas le libre usage.
En 1440, la Seigneurie de Coudures passa aux Barrons d’Hagetmau : la famille des Lescuns. Coudures relevait ainsi de la baronnerie d’Hagetmau de Lescuns-Audouins. Même année, Charles II, Sire d’Albret, poussé par le Roi de France, incendie, ravage et réduit la population à la famine. Les habitants de Coudures sont sauvés de la famine par le Roi d’Angleterre qui leur a envoyé de Riscle 100 sacs de blé et 100 sacs de farines (un document fait foi de l’exactitude de ces chiffres).
Les troupeaux de montagne venaient passer l’hiver à Coudures (1440) pour pacager la lande. La charpente de l’église brûlée la même année est reconstruite en 1459 avec des chênes du « Gabasset » appelé la « Brouchoua » (broussailles).
Il est par contre, un Seigneur que Coudures aimait tant, avec à lui seul des titres de gloires qui rejaillissaient sur la Seigneurie de Coudures : Odex de Foix-Lautrec, fils de Jean de Foix et de Jeanne d’Aydie. Maréchal de France et Seigneur de Coudures, il fut celui à qui Louis XII confia le dauphin, duc d’Orléans le futur François I.
On retrouve au village de Coudures un nom très ancien : « Cantiran » c’est-à-dire Abri-Bélier. L’élevage de mouton était très important dans la région. La Seigneurie de Cantiran faisait partie du système défensif de l’époque : les caveries, postes de guet, qui surveillaient les vallées. Avant cette nomination, il a été retrouvé le titre de « Bayle de Cantiran ». On peut penser que la Seigneurie Cantiran a remplacé une Baylie faisant partie d’une commanderie de l’ordre des Templiers au XIIe siècle.
Il existe des grottes dans la roche dolomitique qui est à la base de la colline de Cantiran. M. DUBALEN s’intéressait à Coudures et surtout à la recherche de silex taillés dont plusieurs sont au Musée de Mont-de-Marsan.
En 1461, les vignes se travaillaient à la Bêche et à la force des bras, faute d’attelages de bœufs.
En 1549, la vigne reste la principale culture. La Lande fut enfin louée à la Communauté de Coudures. Les bas fonds de l’Estella appelés « Hountet » furent plantés de Saules où l’on pourrait creuser des marnières. Le sol de Coudures généralement argilo-calcaire recouvrant un lit de galet, a besoin de chaux. La Marne la fournirait.
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On désirait construire une halle pour les jours de marché (le mercredi par quinzaine avec Hagetmau). Le gland permettait l’engraissement des porcs. Le glanage était mis en adjudication. L’adjudicataire payait un porcher. Le porcher gardait les porcs de la Toussaint à Noël au « Brouchoua ». Les propriétaires payaient une redevance. Il y avait des pertes dues aux loups. La métairie la plus proche de ce bois (brouchoua) porte le nom de Brameloup. Il était interdit d’y laisser pénétrer les boeufs, les moutons et chèvres. On a défendu d’abattre les arbres, de faire des fagots ou d’emporter des glands.
En 1549, il fut interdit aux habitants de Coudures d’avoir des chèvres. La partie la plus importante consistant en vignes mais aussi en taillis. Le gland jouait un rôle prédominant dans l’économie rurale : les chaînerais furent vastes. Au XVIIe siècle, l’orge était rare. Le maïs n’apparaît à titre indicatif qu’en 1700.
Construction de la Halle en 1567 qui servit pour le marché, l’école et les réunions. Le 28 juin 1671, Monsieur Jacques DUVIGNAU s’installe à Coudures comme Maître Chirurgien. Il promet de faire réparer à ses frais la halle déjà écroulée.
Gros évènement en 1767, d’Etigny qui eut le zèle des beaux chemins ordonne la construction d’une route nouvelle de Coudures à Aubagnan prolongeant celle d’Aubagnan à Samadet. Elle doit s’inscrire dans la route prévue de Saint-Sever à Arzacq et à Pau (aujourd’hui RN 644). Cette route, pour éviter le raidillon (de la fontaine) traversera la lande. Sa construction fut longue et entraîna de grosses dépenses (1771-1772)
La rue de Coudures est dans un état lamentable. Aussi en 1772, l’intendant ordonna de paver la rue. Coudures exploitant pour en faire des pavés les rochers de la vallée du Bas n’eut pas de problèmes. La route Coudures-Aubagnan s’achève.
En 1837, on peut faire au « brouchoua » une coupe de 400 chênes.
En 1841, on peut abattre des chênes qui permirent la construction du lavoir
En 1864, il faut donner une demeure à l’instituteur.
En 1884, le « brouchoua » est vendu.
Un semis de pins fut fait sur la lande donnant des revenus (le bois et sa résine). Ensuite certains lots sont déchiffrés. Ainsi on peut voir sur la route d’Aubagnan : pins, des récoltes et des clairières.
On a fabriqué à Coudures des bougies, en plus de la fabrique de blocs de grés qui servaient pour le pavage, ce qui permettait de compléter l’économie rurale. On peut trouver encore aujourd’hui certains de ces pavés (la plupart recouverts par le bitume de la route) près de la route et d’un fossé en traversant un champ, etc…
La société de secours mutuels dite de « philanthropique » vit le jour à cette époque.
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En venant de Sainte-Colombe, après avoir traversé le pont du Gabas, Coudures est formé d’un éperon du Tursan qui pointe vers la Chalosse et délimité par le Gabas et la rive gauche du Bas. Ces deux rivières poissonneuses coulent dans des vallées pittoresques. Il y a également l’Estella qui rejoint le Bas.
En 1790, la commune actuelle est formée en lui adjoignant le quartier d’Ancos, entre le Bas et l’Estella ; et le quartier de Cantiran, au nord du Bas, rive droite. Cela faisait déjà partie de la Paroisse Saint-Martin. Le quartier d’Ancos appartenait aux Beaufort, émigrés.
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Les Couduriens sont en majorité des agriculteurs, mais on a noté une importante conserverie (foie gras de 1925 à 1970), une boucherie-charcuterie, une fabrique de sabots, une manufacture de plumes et duvets, maréchal ferrant, cafés et bistrots, boulanger, épicerie.
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L’ancienne caverie de Cantiran porte encore les traces de l’importance qu’elle avait tant par la disposition des lieux que par la dimension des bâtiments.
Depuis Cantiran, perché en haut, on découvre une magnifique vue sur la Chalosse et le Béarn.
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BERNARD D’AUDIGEOS (1634-1677) naquit à COUDURES. La présence de la famille D’Audigeos à Coudures n’est certaine qu’à partir de 1520. Le grand père de Bernard fut marchand. Il possédait des propriétés dont l’une identifiée « Coudas » dans Ancos très proche de Laburthe. Bernard d’Audigeos est le chef de la révolte contre la gabelle : impôt sur le sel tant détesté et que Sully considérait comme le plus productif à l’Etat. Grâce à Bernard DAUDIJOS, Coudures acquit pendant quelques années à partir de 1665 une renommée qui se répandit en Guyenne , en Gascogne et au Béarn et arriva jusqu’à Versailles où Colbert et Louis XIV eurent à se préoccuper de cette petite paroisse de Chalosse.
Cette renommée tomba rapidement. De même on oublia vite le drame de la révolte contre l’installation de la gabelle, mais les habitants de Coudures ont toujours étés fiers des hauts faits des « invisibles » et de leur brave chef. (Les invisibles : amis de d’Audijos pour la révolte contre la gabelle)
Pilate, lieutenant de DAUDIJOS a laissé son nom à une maison dans Coudures. A savoir qu’en 1676 DAUDIJOS épouse Marie DUBOURDIEU. Il est colonel de 4 compagnies de Dragons. En 1675 il avait prété serment de Fidélité au Roi « tête nue et les fers aux pieds ». Plusieurs DAUDIJOS reposent dans l’église de COUDURES.
A propos de DAUDIJOS, l’Abbé LEGE signalait encore en 1887 sa maison natale qui était au centre du bourg, à droite sur la rue qui va de Coudures à Aubagnan. On la reconnaissait à ses larges fenêtres donnant à l’est sur une cour intérieure. Aujourd’hui il ne reste de la demeure que des vestiges insignifiants à l’endroit qu’on appelle le « Casterot »
Le Général LEMOYGNE de Saint-Sever possède la cheminée qui provient de la demeure de d’Audigeos. La lutte clandestine pendant deux ans contre les gabelous, les batailles incessantes entre les paysans insurgés et les troupes de Louis XIV, trouvent dans les rapports de l’intendant de Guyenne, Pellot, le reflet historique de la résistance de d’Audigeos. Traqué, il se réfugia par trois fois en Espagne et à la fin, fit amende honorable. Appelé à l’armée par Louis XIV, il combattit à Messine où il trouva la mort. C’est le type de gascon batailleur, frondeur et astucieux.
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La fin du XIXe siècle, Coudures pleura un autre de ces enfants glorieux à cette époque. Ce vaillant du nom de Jean Chicoy qui aurait désiré tombé en héros sur le champ de bataille, empourprant une dernière fois de son sang de l’arène, ce brave qui aurait du finir au milieu des ovations s’éteignit obscurément dans son lit après une longue et cruelle maladie le 27 juillet 1889 à l’âge de 65 ans.
Jean Chicoy, enfant de Coudures (1824-1889) est notre célèbre écarteur, de son vrai nom Bernard LALANNE. Quant à son fils, il fût tué le 16 juin 1901 en place de la Barotte à Bordeaux par la Pamega, redoutable Lixazo d’Eugène PASSICOS ganadero landais. Bernard LALANNE a pris comme pseudonyme le nom de Cabaret de Coudures dénommé « Jean Chicoy » (du gascon « cicòy » même mot que « chicòy » : très petit) Jean Chicoy avait en effet une toute petite taille : 1m54.
La fuente de Chicoye était une merveille de vista, de loyauté, de précision, de dynamisme, de personnalité et de cran. Un jour, il se paya d’audace d’écarter à Coudures une vache dangereuse avec sa fille sur un bras. On raconte qu’un jour dans une corrida à Pampelune, il fonça dans l’arène pour toréer une bête que les Espagnols n’avaient pas oser affronter. Sous les huées de la foule, Chicoye fut tout bonnement expulsé, mais cela lui a valu une médaille d’or de la reine Isabelle. La popularité de Chicoye l’a fait passer dans la légende. Il était l’une des plus grande figure de l’histoire de la Course Landaise.
En hommage :
- la rue Jean Chicoy
- les arènes Jean Chicoy
- la peña taurine Jean Chicoy
- Pour fêter le centenaire de sa mort, le 29 octobre 1989, on a dévoilé à Coudures une stèle le représentant, effectuant un écart avec sa toute petite fille sur un bras.